La reconnaissance des bienfaits de l’agroécologie face aux défis de la production alimentaire, de l’accès à la nourriture et du changement climatique est de plus en plus large, depuis la FAO jusqu’à de multiples études nationales et internationales de ces dernières années. De nombreuses voix pointent les limites d’une agriculture industrielle grande consommatrice d’intrants chimiques et d’eau face aux défis du changement climatique et de la faim dans le monde. Mais le soutien des politiques publiques à une agriculture agroécologique est encore très parcellaire, tant dans les pays du Sud qu’au Nord.
Le Burkina Faso a adopté en février 2023 la Stratégie Nationale de Développement de l’Agroécologie (SND-AE) 2023-2027 et son plan d’actions triennal 2023-2025. Ce plan se fixe pour objectif d’appliquer des pratiques agroécologiques sur au moins 30% des sols cultivés d’ici 2040. Les mesures d’accompagnement pour atteindre cet objectif sont détaillées avec rigueur, dont la formation des cadres de l’agriculture, la recherche-développement, la réorientation progressive des subventions aux intrants chimiques (surtout vers le coton) vers les biopesticides, les engrais organiques et les semences paysannes, et des cadres de concertation entre les acteurs de l’agroécologie, dont les organisations et les coopératives paysannes, aux niveaux nationaux et locaux.
Cette stratégie nationale de l’agroécologie mérite une large attention. En effet les expérimentations très locales avec les pratiques agroécologiques sont nombreuses, y compris parmi les projets de coopération appuyés par les organisations membres de la Plateforme souveraineté alimentaire (PSA). Mais la question d’un passage d’une intervention micro à une échelle beaucoup plus large se pose. Ce passage exige nécessairement un appui important des pouvoirs publics et des grands acteurs de la coopération internationale (Banque mondiale, Banque régionale de développement, Nations Unies, Union européenne, coopération nationale, dont la Coopération suisse au développement, leader des PTF (partenaires techniques et financiers) du secteur rural au Burkina Faso).
Comment cette stratégie pionnière du Burkina Faso est-elle reçu dans ce pays? Qui sont les principaux acteurs engagés dans son élaboration et sa promotion? Quels acteurs de la coopération internationale sont prêts à appuyer et financer ce plan? Ce plan est-il réellement en mesure de connaître une pleine application?
Plus largement, cette stratégie du Burkina Faso pourrait-elle inspirer d’autres pays dans la sous-région sahélienne, dans la région Afrique, dans d’autres régions du monde? Quels enseignements peut-on en tirer à ce stade pour une large promotion des pratiques de l’agroécologie?
La PSA est engagée dans des actions de promotion de l’agroécologie, convaincue que ces pratiques peuvent répondre aux défis de la pauvreté, de l’accès à la nourriture, en qualité et quantité suffisantes, de l’augmentation de la production agricole, de l’emploi et des revenus. Les projets des membres de la Plateforme, menés principalement en Afrique, permettent de vérifier empiriquement les qualités des pratiques agroécologiques. Mais le passage à une diffusion bien plus large de ces pratiques, à la hauteur des enjeux globaux de développement tels que fixés par les Objectifs des Nations Unies, reste une question ouverte.
Pour échanger de ces questions, la PSA vous invite à rejoindre ce webinaire consacré au Plan d’action national pour l’agroécologie du Burkina Faso.
Modération :
> Roger Zurcher, directeur de programme chez FH-Suisse (Food for the Hungry).
Intervenant·e·s :
> Eliane Longet, présidente de l’association Graine de Baobab qui développe, avec son partenaire Fasodev, des projets de développement durable pour l'accès à l'eau, à l'éducation, à l'alimentation et à la santé. De 2009 à 2023, 48 villages du centre-est du Burkina Faso ont vu leurs conditions de vie s’améliorer grâce à un projet agroécologique qui leur a permis entre autres de doubler leurs récoltes.
> Adama Savodogo, correspondant national agroécologie du Ministère de l’agriculture des ressources animales et halieutiques (MARAH). Il a été l'un des artisans de l’élaboration de la stratégie nationale de développement de l’agroécologie au Burkina Faso et de son plan d’actions. Il a formé plusieurs cadres d’ONG, de projets et du ministère en charge de l’agriculture sur l’agroécologie.
> Souleymane Yougbaré, chargé de mission auprès du Conseil National de l'Agriculture Biologique (CNABio). Créé en mars 2011, le CNABio est la faitière des acteurs de l'agroécologie et de l'agriculture biologique au Burkina Faso. CNABio a pour objectif de développer la production et la filière biologiques du producteur jusqu’au consommateur, en organisant un cadre pour les acteurs concernés et un référentiel national de production et de transformation pour le bio local.
> Razack Belemgnegre, directeur de la ferme-école et de production agricole de l’association Béo-neere. Au Burkina Faso, l’équipe de Beo-Neere Agroécologie met à disposition des paysans qu’elle forme les techniques de fertilisants bio qu’elle a expérimentées: Fumier Bokashi, Fumier recyclé et EM (Microorganismes Efficaces).
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